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RÉPONSES AUX QUESTIONS DES LECTEURS
LES VRAIES RAISONS DE LA GUERRE EN LIBYE
Après mon article intitulé : Les Mensonges de la guerre de l’Occident contre la Libye, texte traduit dans une quarantaine de langues à travers le monde, j’ai reçu des milliers d’emails de réactions pour ou contre. Je remercie chaleureusement tous ceux qui ont pris la peine de m’écrire. Vu le nombre élevé de ces messages, il m’était impossible de répliquer individuellement à tout le monde. J’ai ainsi décidé d’écrire cet article pour répondre collectivement à vos doutes et interrogations que j’ai résumés et regroupés en ces quelques points ci-dessous. Les réponses qui s’en suivent reflètent intimement ma pensée, mes convictions :
1- KADHAFI A-T-IL TIRE SUR SON PEUPLE ? KADHAFI A-T-IL TUE 10.000 LIBYEN ? FAUX !
Dans cette expression de « tirer sur son peuple » il y a déjà l’intention de nuire au président Libyen. On veut manipuler l’opinion en suscitant son indignation. S’il avait tiré sur le peuple italien ou français cela aurait-il été plus normal ? Non. Il ne s’agit en effet que d’une association de mots savamment étudiés dans des bureaux de recherches stratégiques pour trouver les expressions appropriées à intégrer à la vraie guerre qui a ensuite été déclenchée.
Pour revenir à l’accusation même, L’information principale qui a justifié la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies est celle d’un prétendu carnage de 10.000 morts et 55.000 blessés en 1 mois, commandité par le Président Libyen. C’est une affirmation mensongère et pour plusieurs raisons :
- Logique : Pour tuer 10.000 personnes en un mois, il faut être capable d’en tuer 300 à 400 tous les jours. Seul Hitler y est parvenu, mais il a eu besoin de plusieurs installations de fours crématoires.
- Kadhafi aurait utilisé des avions de combat qui normalement volent à 5.000 mètres d’altitude et à une vitesse de 1.000 km/h. A moins de larguer une bombe atomique, ces avions, aussi spéciaux soient-ils ne pourraient pas réussir un tel exploit.
- Pour les blessés, leur nombre est dans tous les pays du monde fournis par des sources hospitalières. Dans la gestion optimale d’un hôpital, il est prévu environ 10 à 20 places de libre pour accueillir des cas impromptus. Pour accueillir 55.000 blessés, à raison de 20 par hôpital, il faudrait 2.750 hôpitaux pour accueillir tous les blessés Libyens et même en utilisant tous les hôpitaux du continent africain (environ 1.230) on n’y arriverait jamais.
- Les photos diffusées de ce prétendu massacre proviennent du cimetière « Sidi Hamed Cemetery » où se déroulait une normale opération de renouvellement du sol avec déplacement des restes humains, pratique très habituelle et commune dans le monde judéo-islamo-chrétien pour laisser place aux nouveaux morts, chaque 10 ou 20 ans selon les pays.
- Origine de l’information. Le philosophe Chinois Mo Tseu (479-381 avant l’ère chrétienne) a écrit que pour vérifier la véracité d’une information, il faut d’abord identifier la source et se demander quelles sont les raisons avouées et inavouées de celui qui vous communique une information. D’où est arrivée l’information ? Des rebelles, c’est naturel ! Mais diffusée sans conditionnel par la Chaine de télévision Al Jazeera qui appartient à l’émir du Qatar. Le hasard veut que ce petit pays soit le seul pays Arabe qui participe à larguer les bombes sur la tête des Libyens. Une coïncidence plutôt troublante.
A ce jour, plusieurs mois après le prétendu massacre, on n’a toujours pas l’ombre d’une preuve irréfutable. Ce qui n’a pas empêché le mandat d’arrêt du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo qui était vigilent de menacer Gbagbo pour les 7 femmes tuées à ABOBO le 8 Mars 2011, mais complètement muet au moment des faits et amnésique aujourd’hui pour les 1.200 morts de Ouattara à Duékoué (selon le CICR et la CARITAS) et cela en présence des troupes françaises de la Licorne et celle de l’ONUCCI.
Monsieur Moreno-Ocampo n’a pas jugé opportun d’effectuer le moindre déplacement en terre libyenne pour vérifier ces accusations. Qu’importe, demander l’arrêt d’un Chef d’État Africain non docile est devenu le seul motif qui justifie l’existence même du TPI.
2- KADHAFI ET LES MIGRANTS AFRICAINS
Lorsqu’en 2006, Kadhafi réunit les Ministres de l’Intérieur Africain pour leur proposer une carte d’identité unique avec une codification commune pour toute l’Afrique afin de faciliter le déplacement des Africains sur tout le continent sans formalité administrative excessive, tous les présents étaient contents et enthousiastes du projet du guide Libyen. Mais à leur retour, un coup de fil à Paris, un autre à Londres et voilà que l’idée n’était plus bonne pour certains pays qui ont vite relayé la propagande selon laquelle si la mesure était entrée en application, la Libye aurait colonisé les autres pays africains. Là où le comble arrive est lorsque les clandestins africains en Libye proviennent à 99% des pays qui avaient refusé la proposition Libyenne.
Par ailleurs, pour des raisons de sécurité intérieure, aucun pays du monde ne peut assister passivement au fait que son territoire devienne le point de passage des personnes qu’il n’est pas en mesure d’identifier. En Libye, il y a la même loi qui est en vigueur dans tous les pays Africains, c’est le délit de clandestinité pour les étrangers démunis de titres de séjours valides.
Pour terminer, pour tous les Africains dotés d’un minimum sens de discernement, il ne fait aucun doute que le destin de la jeunesse africaine n’est pas celui de se mettre en marche vers l’illusion d’un hypothétique paradis européen pour occuper le bas de l’échelle des classes sociales en occident. L’objectif pour lequel il vaut la peine se battre est celui de faire rêver l’Afrique. L’Afrique doit faire rêver les Africains, afin qu’ils aient la sérénité et l’enthousiasme nécessaire pour surmonter les défis qui les attendent.
En conclusion, accuser Kadhafi de n’avoir pas laissé les clandestins se déplacer librement sur son territoire c’est faire montre d’une incapacité à comprendre la complexité des problèmes qui nous entourent.
3- KADHAFI ET LA LONGEVITE DE SON POUVOIR
Une des raisons pour aller bombarder la Libye est que le Guide Libyen a passé trop d’année au pouvoir (42 ans). Le record de longévité des hommes politiques au pouvoir n’est pas détenu ni par Kadhafi, encore moins par les Africains, mais par les Occidentaux. Prenons 4 exemples de 4 pays qui bombardent la Libye pour lui exporter leur modèle de démocratie :
Les USA : L’ancien membre du Ku KLUX KLAN, Robert Byrd, qui a reconnu dans ses mémoires en 2005 avoir orchestré une manœuvre au Congrès américain en 1964 pour retarder la loi sur les droits civiques des Noirs, a siégé au Sénat Américain de façon ininterrompue pendant 56 ans. Né le 20 novembre 1917, et membre du Parti démocrate et sénateur de Virginie-Occidentale, il siègera au Congrès des États-Unis de janvier 1959 à sa mort survenue le 28 juin 2010. Cela fait 63 ans au total en ajoutant les 6 ans qu’il a passé à la chambre des Représentants, où il est entré le 20 janvier 1953 lorsque le président Harry Truman cédait sa place à la Maison Blanche à Dwight Eisenhower et il en est reparti seulement qu’à cause de la mort, sous la présidence Obama. Avant lui, monsieur Carl Hayden a été Sénateur pendant 56 ans et 319 jours, de 1912 à 1969. Et bien d’autres encore. Lorsqu’on sait qu’un sénateur Américain est 10 fois plus puissant qu’un Chef d’Etat Africain, cela donne une idée de la profondeur de cette longévité politique.
En France, Louis Philippon a été maire de Juvigny dans l’Aisne, pendant 69 ans (de 1929 à 1998), Philippe de La Moissonnière-Cauvin, a été maire de La Fontelaye en Seine-Maritime pendant 63 ans de 1945 à 2008. Hubert d’Andigné, a été pendant 59 ans maire du Champ-de-la-Pierre dans l’Orne de 1946 à 2005. Roger Sénié âgé de 90 ans est aujourd’hui le maire de La Bastide-de-Bousignac dans l’Ariège, poste qu’il occupe depuis octobre 1947, c’est-à-dire 64 ans, peut-être qu’en 2014 briguera-t-il un nouveau mandat. Dans le pays de la révolution française, y aura-t-il un candidat pour le battre ? C’est le même cas que pour Monsieur Arthur Richier, âgé de 89 ans et maire de Faucon-du-Caire dans les Alpes-de-Haute-Provence, depuis 1947 à ce jour.
Pierre Abelin (1909-1977), politicien français qui cumulera les fonctions de ministre dans 4 gouvernements, de Shumann en 1947 à Chirac en 1974, député de 1945 à 1974, maire de Châtellerault (de 1959 à sa mort en 1977). Et lorsqu’il meurt, il est remplacé à la mairie par sa femme, parce que son fils Jean-Pierre Abelin qui n’a que 27 ans a besoin de temps pour prendre l’héritage de papa et tout rafler : ainsi il est aux manettes juste un an plus tard et devient député de la Vienne de 1978 à aujourd’hui, Conseiller général de 1977 à aujourd’hui, vice président du conseil général depuis 1982 à aujourd’hui. Et depuis 2008, il a ajouté à tous ces pouvoirs, le poste du Maire de cette même ville. A quoi servait la révolution française ? Que se serait-il passé si cette saga s’était passée dans une famille africaine ? On aurait tout simplement conclu que les Africains s’accrochent au pouvoir. Voilà le détail de ce système de dynastie démocratique à la française qu’on utilise les bombes pour exporter en Libye ;
Roselyne Bachelot, l’actuelle Ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale a depuis 23 ans (1988) pris la succession de son père Jean Narquin qui avait été pendant 20 ans député du Maine-et-Loire de 1968 à 1988. Comme cela ne suffit pas pour rafler tout l’héritage de papa, elle cherche depuis à en ajouter une nouvelle fonction : Maire d’Angers. Son fils Pierre Bachelot né en 1970 entre au parlement dès l’âge de 22 ans comme Assistant de maman. Le petit géni de fils accompagnera la mère comme conseillé parlementaire, lorsque maman deviendra successivement Ministre de l’écologie en 2002 et Ministre de la santé en 2007. C’est cette année que le jeune Pierre prendra son autonomie à 37 ans, puisqu’il sera nommé à un poste crée sur mesure pour lui par maman à l’Inpes (l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) malgré sa formation en « art privé ». Elle n’est pas belle la démocratie au pays de la révolution française ? Il faut vite l’exporter en Libye.
En Italie, Giulio Andreotti a été élu député en 1946 et aujourd’hui il vote comme sénateur à vie, c’est dire depuis 65 ans. Comme il n’avait plus la force de faire la campagne électorale, il a été nommé « Sénateur à vie ». Il a ainsi cumulé ses fonctions de député et de Président du Conseil Italien, poste qu’il a occupé 7 fois en 20 ans, du 17 Février 1972 au 24 Avril 1992. Pendant ce temps, son parti est resté au pouvoir sans interruption de 1946 à 1992, c’est-à-dire 46 ans. Et ne sera balayé que par la justice pour corruption. Pour comparaison, le parti de Kadhafi n’a fait que 42 ans au pouvoir en Libye.
Dans le Royaume Uni, la situation est encore catastrophique où on ne parle pas de longévité d’Elizabeth II qui est reine de 16 pays indépendants depuis 1952. En 1942 à seulement 16 ans, elle est déjà nommée chef de l’armée et passe en revue les troupes. Classée par le magazine FORBES 214ème fortune mondiale pour le seul mérite d’être née, elle coute aux britanniques la somme de 43 millions de dollar par an. La reine n’a pas de pouvoir ? Et si Kadhafi devait devenir le roi de la Libye ? Que se serait-il passé si Kadhafi avait instauré un émirat avec sa famille, comme le Qatar qui participe aux bombardements ? Qu’aurait-on dit si pour le mariage d’un des fils de Kadhafi on avait décrété une journée fériée, immobilisé toute la nation ? Exactement comme cela s’est passé à Londres pour le mariage du prince William et de Kate le 29 avril 2011 ??? La télévision France24 a calculé le coût de cette journée fériée à 6 milliards d’euros au patronat britannique. Cette folie démocratique qu’on veut exporter en Libye a couté à la mairie de Londres 22 millions d’Euros pour la seule sécurité. Pendant ce temps, les frais de scolarité par an dans les universités publiques britanniques ont été multipliés par 3 (passant de 3900 à 10700 euros). Le Canada qui reste une colonie doit payer 50 millions de dollars canadiens par an pour soutenir la famille royale britannique ; pendant ce temps selon Statistique Canada, les frais d’inscription dans les Universités Canadiennes ont augmenté entre 1996 et 2002 par exemple dans la province de l’Ontario de 141% pour la faculté de droit, de 241% pour la médecine et de 315% en dentisterie. Et on peut bien se demander comment peuvent-ils prétendre concurrencer la Chine sur les spécialités intellectuelles en pénalisant ainsi l’acquisition de ces connaissances pointues, par leur jeunesse.
En Afrique, à ce jour, aucun politicien Africain n’a battu ces records d’incohérence, à n’importe quel niveau de la vie politique. Ailleurs, ce qu’on exige d’un politicien est son bilan pourquoi ceci ne serait-il pas valable pour le président Libyen ? Mais pour avoir une idée de son bilan politique pour son pays, il faut juste se poser la question de savoir pourquoi il n’y a jamais un seul Libyen sur les trop nombreuses embarcations de fortune qui échouent sur les côtes italiennes de Lampedusa ? Pourquoi les Libyens ne fuient-ils pas leur pays ? Mais aussi, si Kadhafi est ce méchant dictateur, pourquoi c’est le pays Africain qui a le plus grand taux d’étrangers ? Les ressortissants des USA, France, GB, se sentent-ils mieux au Qatar ou en Libye ? Et que dire du fait que le drapeau de la rébellion libyenne est bien celui de la royauté. C’est comme si des rebelles français aujourd’hui brandissaient le drapeau des rois de France, c’est-à-dire que les occidentaux font la guerre en Libye pour la reporter en arrière de 43 ans, pour passer d’une république fut-elle imparfaite, vers une royauté, pourvue que le nouveau roi soit docile, et que l’argent du pétrole remplissent les banques qu’on lui indiquera, il peut être sûr qu’on lui déroulera le tapis partout en occident.
4- POURQUOI LES INTELLECTUELS AFRICAINS NE SOUTIENNENT-ILS PAS LE CNT LIBYEN ?
Le CNT est une création de la France. C’est le philosophe Français Bernard-Henri Levy qui a lui-même expliqué à la presse ses multiples voyages pour encourager les Libyens à se défaire de Kadhafi. C’est encore lui qui nous a expliqué qu’un mouvement était né. C’est toujours lui qui nous donnera le nom de CNT, il nous dira qu’il est composé de 35 membres, pire qu’en dehors de 3 ou 4 de ses membres, tous les autres 30 souhaitaient garder leur anonymat. Lorsque Monsieur Lévi a communiqué au monde que Kadhafi utilisait les Noirs venus d’Afrique noirs payés une bouchée de pain, personne n’avait auparavant songé de lui expliquer que les tribus du sud de la Libye sont composées essentiellement de populations Noires qui donc se trouvent à tous les postes de l’administration Libyenne. En effet contrairement à la France, plusieurs ambassadeurs Libyens dans le monde sont des Noirs, des Noirs Libyens. Le racisme peut rendre aveugle. L’erreur de Henri Lévy était basée sur la conception raciste des Européens du 19ème siècle qui tend à séparer les populations africaine d’origine arabe et les Noirs sur une base de classement hiérarchique des valeurs culturelles des uns et des autres. C’est toujours notre philosophe qui a promis à Monsieur Sarkozy que la guerre n’aurait pas duré plus de 3 jours, parce que, a-t-il expliqué à la presse, « l’armée de Kadhafi est composés de 300 minables hommes mal équipés ». Bernard Henri Levy, comme nous le rappelle l’agence de presse Russe RIA-Novosti, s’était trompé de la même manière en 1999, après l’attaque contre le Daguestan par Chamil Bassaïev, Lévy avait alors recommandé à l’Occident de reconnaître l’autorité du terroriste Maskhadov en Tchétchénie. Ce dernier sera abattu par les FSB russe le 8 mars 2005. Lévy va récidiver en été 2008, il va encore se tromper d’encourager le président Georgien Mikhaïl Saakachvili à déclencher une guerre suicidaire contre la Russie. La suite, on la connait. Le pire du ridicule dans tout cela est qu’il n’a toujours pas compris que la politique est une science et comme toute science, il faut prendre le temps d’en connaitre les principes et les mécanismes pour éviter de se tromper sur des questions les plus élémentaires de politique internationale, surtout lorsqu’on incite les manifestants pacifiques à la guerre.
Récemment, pour la commémoration des 40 ans de la fin de la guerre du Biafra, la plus meurtrière de l’Afrique, avec environ 2.000.000 de morts, la radio publique suisse RSR nous a proposé des documents inédits, piochés dans les archives de la CICR, la Croix Rouge Internationale dont le siège est ici à Genève. Les témoignages étaient des interviews réalisées il y a 40 ans aux différents dirigeants de cette organisation qui expliquaient comment le CICR profitait de son statut de neutralité pour transporter les armes pour aider à la victoire de la France dans cette guerre prétendument pour l’indépendance des Biafrais, peuple qui se trouvait ainsi pris au piège d’une décision prise à Paris qui voulait à tout prix elle aussi avoir son émirat pétrolier comme les Britanniques au Koweït ou au Qatar. La révélation la plus cauchemardesque de ces archives ont été pour moi de découvrir que sur les 2.000.000 de morts, la moitié ont été des morts inutiles, sacrifiés pour empêcher que Paris ne perde la face, car nous dévoile le dirigeant du CICR, un an avant la fin de la guerre, tous savaient qu’elle était perdue, mais Paris et le CICR continuaient de fournir aux Biafrais de nouvelles armes tout en leur disant qu’ils étaient en train de gagner.
C’est exactement le même scénario aujourd’hui en Libye. On croyait gagner facilement une guerre en 3 jours, au 3ème mois sans aucune avancée, et malgré les 1.000.000 d’euros par jour que coûte à la France cette guerre (chiffre fourni par le Ministre Français de la Défense), on continue la NO FLY ZONE en bombardant les bureaux, les écoles et les hôpitaux Libyens comme si ces derniers volaient. Et comme ces actes de terreur ne marchent pas, on revient à la recette née à la guerre du Biafra : utiliser ses ONG pour invoquer un génocide, invoquer le Tribunal Pénal International et même si on sait que cela ne marchera pas, qu’importe, il vaut mieux faire mourir toute la Libye, plutôt que d’avoir le courage de reconnaitre qu’on s’est trompé et qu’on a perdu la guerre.
Pour les intellectuels africains, le débat n’est nullement celui de soutenir Kadhafi contre le CNT ou soutenir le CNT contre Kadhafi, mais sur le principe de la justice internationale qui est aujourd’hui biaisée par un certain nombre de pays occidentaux, qu’on connait, car ce sont toujours les mêmes qui étaient assis à la table de la conférence de Berlin en 1884 pour décider du destin de l’Afrique sans la présence des Africains, qui aujourd’hui humilient l’Union Africaine et toutes ses décisions, et s’arroge le droit de choisir à la place des Africains leur destin. Lorsque les présidents de 3 pays occidentaux (USA, France, UK) payent une tribune dans les journaux de plusieurs pays pour annoncer que Kadhafi n’est pas un bon leader pour la Libye, je crois qu’il s’agit d’une insulte à l’intelligence des Africains. Hier nos parents et nos ancêtres étaient certes des primitifs qui ne comprenaient rien de ce qui leur arrivait, mais aujourd’hui, nous avons étudié dans les mêmes écoles, nous avons apprivoisé les mêmes connaissances que le monde entier et continuer de nous regarder du haut en bas comme des éternels esclaves, est une faute grave des occidentaux qu’il revient à nous autres Africains de corriger et non de seconder par notre silence coupable. Nous devons faire l’histoire, la nôtre et non plus la subir. Comme nous ne disons pas aux Américains, aux Britanniques ou aux Français qui est mieux pour guider leur destin, c’est à nous de nous battre pour qu’ils n’interfèrent plus dans le processus de formation de notre propre démocratie fut-elle imparfaite et blâmable ; et comme il s’agit d’un processus, même les échecs sont des acquis positifs devant servir à l’amélioration qui est le propre de l’adaptation pour la survie de toute espèce vivante.
La révolution libyenne a malheureusement été stoppée net, le jour où l’interférence occidentale est devenue palpable dans la crise de ce pays. Kadhafi qui semblait mis aux cordes par des manifestations naturelles dans ce processus d’amélioration du genre humain a été miraculeusement remis en scelle grâce à l’ingérence de la France qui a commis la grave erreur stratégique de transformer une manifestation pacifique en rébellion armée. Et la recette de la rébellion armée peut bien avoir fonctionné en Côte d’Ivoire, mais pas forcément ailleurs.
5- CONCLUSION
L’ignorance est le vrai danger qui mine la jeunesse africaine et les empêche à une prise de conscience effective des défis qui les attendent. Contribuer à réduire cette ignorance est déjà faire quelque chose. Car c’est parce que les populations seront conscientes de leur poids et de leur valeur qu’elles pourront prétendre de leurs dirigeants des comportements plus rigoureux, respectueux de leurs intérêts. Dans l’ignorance, il n’y a point de conscientisation et chacun fait ce qu’il veut, puisque personne ne lui demande de rendre compte. Le système de manipulation des masses africaines par l’Occident a porté un sacré coup dur au processus démocratique normal de l’Afrique, puisque l’alibi du complot des Blancs affranchit très vite aux yeux du peuple tous les débordements de leurs dirigeants. Ne pas subir cette manipulation est la garantie que les Africains sauront faire la part des choses entre les dirigeants valeureux et ceux médiocres.
C’est venu pour nous le temps de dire enough is enough, trop c’est trop. Mais pour le faire, il faut résoudre ce problème de la grande ignorance dans laquelle est trempée la majorité de nos frères et sœurs qui n’ont de conscience que le fruit de la manipulation dont ils sont victimes. Ce que j’ai fait n’est, je l’espère, que le début de cette nouvelle bataille que chaque Africain doit maintenant s’approprier et puis tous ensembles, nous devons être capables d’exiger que la politique soit suffisamment rigoureuse pour soigner finalement nos intérêts et non plus exclusivement ceux de l’Occident contre les nôtres.
Nous sommes 1 milliard d’Africains. Nous devons être capables de mettre la pression sur nos dirigeants pour d’une part faire que l’Afrique devienne championne du monde du respect des droits naturels des êtres humains (hommes et femmes confondus) et d’autre part pour faire respecter nos intérêts dans tous les engagements internationaux que souvent nos haut-fonctionnaires ignorent malgré leurs multiples diplômes.
Il me plait de conclure avec ces deux pensées :
A- « Les pays africains sont encouragés à la division, afin que les puissances étrangères puissent asseoir leur domination. Il faut que l’Afrique s’unisse en un seul État comme les États-Unis d’Amérique, avec une seule armée, une seule économie, une seule monnaie. » Mouammar Kadhafi (adepte convaincu du panafricanisme de Marcus Garvey) – extrait de l’interview accordée à France24 et Radio France Internationale(RFI) le 6 Juillet 2010.
B- « LES TRAITRES de Marcus Garvey (17 août 1887, Saint Ann’s Bay, Jamaïque-10 juin 1940, Londres)
Dans la lutte pour s’élever, les opprimés sont toujours handicapés par ceux d’entre eux qui trahissent leur propre race, c’est-à-dire par les hommes de peu de foi, et tous ceux qui se laissent corrompre et acceptent de vendre les droits de leurs propres frères.
Nous non plus, membres de la race noire, ne sommes pas totalement à l’abri de ce genre de fléau. Si j’exprime le fond de ma pensée, je dirai même que nous en sommes affligés plus que toute autre race, parce que nous n’avons pas la formation et la préparation nécessaires pour occuper la place qui nous revient parmi les peuples et les nations du monde. Chez les autres races, le rôle du traitre se limite en général à l’individu médiocre et irresponsable. Les traîtres de la race noire, malheureusement, sont la plupart du temps, des gens haut placés par l’instruction et la position sociale, ceux-là même qui s’arrogent le titre de leaders. De nos jours, en effet, tout individu, ou presque, qui tente sa chance comme leader de la race, commence par s’établir, tel un animal domestique, dans les faveurs d’un philanthrope d’une autre race : il va le voir, dénigre sa race dans les termes les plus vils, humilie sa fierté d’homme, et gagne ainsi la sympathie du «grand bienfaiteur», qui lui dicte ce qu’il doit faire dans son rôle de leader de la race noire. En général, c’est : «Va dire à tes gens d’être humbles et soumis ; dis leur d’être de bons serviteurs, obéissants et loyaux envers leur maître. Si tu leur enseignes ce genre de doctrine, tu peux toujours compter sur moi pour te donner 1000 dollars, ou 5000 dollars par an de revenus, pour ton journal et l’institution que tu représentes. Je te recommanderai à mes amis comme un brave homme sans problèmes».
Nanti de ces avis, et d’une promesse de patronage, le leader noir ordinaire s’en va guider les masses infortunées. Il nous dit tout le bien possible de Mr Untel, nous racontes combien nous avons de bons amis dans l’autre race, et assure que tout ira bien à condition qu’on s’en remette complètement à lui. Voici le genre de direction que nous subissons depuis un demi-siècle. Je ne vois là rien d’autre que perfidie et trahison de la pire espèce.
Si l’homme qui met en difficulté son pays est un traître, celui qui brade les droits de sa race n’est pas autre chose. Tant que nous ne serons pas établis en tant que nation de 400 millions d’hommes (en 1910), et que nous n’aurons pas fait comprendre à ceux qui se sont placés à notre tête que nous sommes mécontents et dégoûtés ; tant que nous n’aurons pas choisi nous-mêmes un leader envers qui nous remplirons nos engagements, nous serons incapables de sortir du bourbier de la dégradation et de nous élever vers la liberté, la prospérité et l’estime humaine ». Marcus Garvey (père du concept du panafricanisme, Garvey était un intrépide combattant contre l’humiliation infligée à la population de peau noire depuis 1500 ans d’esclavage arabe et européen)
Genève le 24 Mai 2011
Jean-Paul Pougala (pougala@gmail.com)
(*) Jean-Paul Pougala est un Ecrivain Camerounais, Directeur de l’Institut d’Etudes Géostratégiques et Professeur de Sociologie et de Géopolitique à la Geneva School of Diplomacy de Genève en Suisse.
4- DEFAITE DE L’OCCIDENT EN LIBYE ET SON DECLIN IDEOLOGIQUE
Lorsque le 19/03/2011 la France a largué sur Tripoli ses premières Bombes, plusieurs éléments concordants étaient réunis pour affirmer qu’il s’agissait d’un vrai suicide politique de l’Occident. Tout D’abord parce que le mensonge derrière le prétexte de déclarer la guerre contre la Libye était gros comme un éléphant. Ensuite parce que l’Occident n’a pas les moyens financiers pour déclarer la guerre à la planète et le pire est que ses dirigeants l’ignorent encore. On passe ainsi très facilement de l’usure de la crédibilité de l’Occident au ridicule devant les nouveaux pays émergents qui ont déjà pris le flambeau du relai du leadership mondial. Lorsqu’on accumule les mensonges à Paris, à Londres et à Washington sur la guerre en Libye, se demande-t-on un seul instant quel est l’impact dévastateur de ces contrevérités sur le plan de l’image et de la crédibilité de L’Occident à Moscou, à Pékin ou à Brasilia ? Lorsque le 28/07/2011, plus de 4 mois après le « hold-up » manqué sur la Libye, Paris et Londres répètent une opération déjà expérimentée dans la crise ivoirienne de récupérer les Ambassades de Libye pour les faire occuper par des prétendus « Représentants de la Rébellion Libyenne », n’est-ce pas là, la preuve même des désarrois d’une classe politique sans cap ? Une navigation à vue de toute une génération de leaders politiques sans idéal et sans idée novatrice, plus occupée à multiplier les manœuvres de diversion pour cacher son incapacité profonde à anticiper et apporter des éléments de réponse à l’angoisse et la détresse de toute une population qui ne sait plus à quelle sauce elle sera mangée en ce 21ème siècle avec des leaders politiques inadaptés et pratiquant des recettes dépassées, de Varsovie à Washington en passant par Londres, Rome et Paris.
L’occupation de l’Ambassade de Libye à Paris et à Londres est un acte déraisonné de violence diplomatique qui met à nu l’affolement soudain de ceux qui portent la responsabilité de cette guerre inutile et nous amène à nous poser une question qu’en ce moment on se pose certainement à Paris et à Londres : y a-t-il un moyen de perdre une guerre sans perdre la face ? La réponse est NON. Le Dr Moussa Ibrahim, porte parole du gouvernement Libyen a une constance dans ses conférences de presses. Et sur ce point on peut lui donner raison qu’en Libye l’Occident fait la guerre selon le calendrier, selon le tempo, d’après le cahier de charges des autorités libyennes et non l’inverse. Le Dr. Moussa a toujours dit depuis sa première conférence du mois de Mars 2011 que la guerre était faite pour durer, parce que la Libye s’attendait un jour ou l’autre à être envahie et donc, avait organisé le système de défense du pays, non pas sur une armée de type Classique, mais clanique. Et le moins que l’on puisse dire est que de tous les acteurs en présence dans la fameuse caverne de Platon, c’est l’Occident qui, entrée en guerre sans préparation sur la base des informations erronées a multiplié les égarements comme les massacres des enfants Libyens, en pêchant dans les eaux territoriales libyennes en pleine guerre, en piratant un bateau pétrolier libyen le 4/08/2011 en haute mer et reconduit au port de Benghazi, exactement comme les pirates Somaliens; l’Occident est ce prisonnier resté dans la caverne, qui n’a jamais vu le jour et prête à sa propre ombre projetée sur le mur grâce à la lumière d’un monde plus global, une réalité que ces ombres n’ont pas. Et ceci n’arrive que lorsqu’à faire la politique dans un pays ou un continent, il n’y a plus de savant au vrai sens Platonicien du terme. Les Libyens au contraire, même sous les pluies de bombes de l’Occident ont réussi leur ascension dialectique pour se hisser hors de la même caverne, souffrant au passage de l’éblouissement du soleil qu’ils ont eu le courage de regarder en face pour sortir de ces ténèbres. Et les résultats ne se sont pas fait attendre : pendant que dans le camp d’en face c’est le sauve qui peut à Benghazi, avec à ce 6 août 2011 la majorité des membres du CNT qui ont fui Benghazi vers la Turquie, après avoir massacré 120 civils qui voulaient juste se dissocier d’eux pour retourner avec Kadhafi, dans l’autre camp à Tripoli au contraire, on a vu par exemple 10.000 volontaires rejoindre le rang de l’armée Libyenne en 3 jours, après que l’Occident avait annoncé l’imminence de la prise de Tripoli par les rebelles, de l’intox, bien entendu, mais qui a été un boomerang et au lieu des désertions attendues des militaires, ce sont des civils qui se sont offerts à l’armée, comme instinct de résistance des peuples face à l’agression externe.
Vues les expériences afghanes et irakiennes et vu le contenu de la résolution 1973 de l’ONU qui interdisait l’occupation du sol et compte tenu de la situation tribale libyenne, comment l’Occident a-t-il pensé de s’en sortir sans se ridiculiser aux yeux de la planète Terre en annonçant au monde que le succès ou l’échec pour eux de cette guerre se résumait en la mort ou la vie du Guide Libyen? Et le pire dans tout cela et qui nous prouve que l’avion Occident (pris dans un tourbillon de crise financière aiguë sans véritable voie de sortie), n’a aucun pilote à bord, est cette unanimité du soutien de la classe médiatico-politique européenne de l’extrême-droite à l’extrême-gauche pour une guerre où même les enfants de maternelle sont capables de prédire qu’ils n’ont aucune chance de remporter, parce que l’homme dont on veut la mort est aimé et porté par tout son peuple.
Si la démocratie avait un sens, ce n’est pas à Kadhafi et au peuple libyen que l’Occident aurait dû s’en prendre. Comme sur un jeu vidéo, un chasseur quitte l’Europe, parcourt 1.000 km pour aller larguer une bombe qui coûte 300.000 € sur une cible où des indicateurs américains croient avoir vu la silhouette qui ressemblerait à celle du Guide Libyen. Raté ! C’était un hôpital pour enfants. Et cette petite partie de jeu-vidéo vient de coûter la vie à 38 enfants Libyens. Le pilote peut retourner à sa base, fier d’avoir accompli sa mission. Bravo ! Bravo pour le parlement français qui à l’unanimité a applaudi cette forme de barbarie car lorsqu’il s’agit du gâteau Afrique, en France comme en Grande Bretagne, il n’existe plus de droite ou de gauche, il n’existe ni UMP, ni PS, il existe l’APU, l’Association des Prédateurs Unifiés; sauf qu’au 21ème siècle, on a oublié de les réveiller de leur long sommeil colonial pour leur expliquer que le monde a changé et que la jeunesse africaine très politisée et immunisée contre le sommeil dogmatique de la religion, ne se fera pas avoir comme leurs parents.
Dans le double attentat d’Oslo et Utoya en Norvège, avec la mort de 70 adolescents innocents qui militaient juste pour un monde meilleur, un monde de compréhension et respect mutuel, l’Euro-député Italien Mario Borghezio vient d’exprimer sa solidarité pour le tueur Anders Breivik sans que cela suscite la moindre indignation au sein de l’Union Européenne. Une union très active pour désigner les méchants africains dès lors qu’ils démontrent le refus de la soumission de leurs pays. Aujourd’hui, un Euro-député peut se réjouir de la mort de dizaines d’enfants Européens (Norvégiens) sans que cela émeuve l’Union Européenne qui officiellement tient tellement à cœur le sort des citoyens Libyens. Pour comprendre le degré de l’évolution du déclin de l’Occident, pour comparaison, en l’an 2.000, Vienne avait subi des sanctions diplomatiques, comme protestations européennes contre l’alliance entre les conservateurs Autrichiens de Wolfgang Schüssel et le FPO, parti d’extrême droite alors dirigé par le sulfureux Jörg Haider.
En 2000, sur les 15 pays de l’Union européenne d’alors, 13 étaient gouvernés par les partis de gauches. Aujourd’hui, les 27 pays sont dirigés presque tous par des partis de droite et extrême-droite qui ont fait de la haine des Non-Blancs, le point central de leur programme politique et donc, le thème principal même de leurs campagnes électorales. Avec au final qu’aujourd’hui, l’Union européenne est la personnalisation des idées d’Anders Breivik, c’est-à-dire de la haine vers ceux qui ne sont pas Blancs, tous ceux qui ne sont pas d’origine Européenne. Le dédain et le mépris avec lequel ils se sont comportés en Côte d’Ivoire hier en humiliant un président démocratiquement élu pour le remplacer par un homme retenu docile et en Libye aujourd’hui en décrétant qu’un Président doit quitter son pays avec toute sa famille, nous démontrent combien ils nous détestent, nous Africains. Pourquoi n’ont-ils pas la même hargne contre la Syrie, contre le Myanmar où une candidate qui a gagné des élections, a été emprisonnée, où des moines ont été assassinés sans que le TPI s’en émeuve outre mesure.
Comme ils nous détestent ! L’Europe toute entière est entrée en crise pour la venue de quelques centaines de réfugiés Tunisiens sur leur sol alors que la même Tunisie accueillait en silence 1 million de réfugiés venus de Libye à cause de la guerre créée par ces mêmes Européens contre la Libye. Encore plus surprenant dans tout cela: Comment expliquer que des leaders politiques Européens que j’appelle SUPER-MENTEURS décident impunément de venir nous bombarder, de faire des rencontres hors d’Afrique pour décider de notre avenir, pour décider de notre destin sans qu’il y ait une vague de protestation de la part des chefs d’États Africains qui eux-mêmes ne comprennent toujours pas qu’ils n’ont plus à avoir peur, parce que l’occident fou furieux n’a plus les moyens de mener la moindre pression sur qui que ce soit en Afrique.
Parce que l’emprise coloniale de l’Occident sur l’Afrique, c’est fini. Comme l’avait prédit Adam Smith, lorsque pendant trop longtemps on a été habitué aux avantages non dus, on se crée une normalité qui n’est au fait qu’artificielle. Et le jour où ceux qui par ignorance et naïveté renonçaient à leurs droits et à leurs avantages pour permettre cette situation artificielle vont sortir de leur ignorance, ce sera dur, très dur pour ces pays qui avaient construit leur normalité sur la misère des autres. Et ce ne sera pas la guerre contre la Libye qui changera la rapidité de ce déclin, de cette douce descente vers l’enfer économique.
OU VA LE MONDE ?
Les maîtres à penser, de la renaissance européenne à Sartre, ont disparu mais n’ont pas été remplacés. Aujourd’hui, les philosophes Européens ne sont plus des maîtres à penser, mais des maîtres à plagier, à la Botul. La pensée devant servir à gouverner le monde multipolaire du troisième millénaire est peut-être à réinventer. Mais comment y parvenir lorsque la métastase de l’argent a envahi et pollué tout l’occident ? Si l’occident qui a mis 3 siècles pour inventer et développer l’humanisme y a échoué, pourquoi la Chine ou le Brésil pourraient-il faire mieux ? L’avenir nous le dira. Mais ce que je constate et qui me rassure, c’est qu’en Chine la philosophie a encore un sens, là-bas, ce ne sont pas les politiciens au service des Multinationales comme en Occident, mais les Multinationales au service de l’Etat. Les leaders semblent avoir un minimum d’éthique en politique; c’est le Confucianisme qui y est appliqué dans la conception même de la politique à la place des bombes de l’OTAN pour soutirer quelques gouttes de pétrole en Afrique. Les autorités chinoises sont fières d’annoncer que leur politique étrangère suit les principes d’un disciple de Confucius, du nom de Mo Tseu, celui même qui a créé le concept de l’Amour Universel. Mo Tseu qui est né en 479 et mort en 381 avant l’ère chrétienne, soutient que lorsqu’on aime trop sa famille, on est porté à commettre des cambriolages contre ses voisins et lorsqu’on aime trop son pays et rien que son pays, on est porté à déclarer la guerre d’une main légère aux autres pays. Mo Tseu soutenait il y a 23 siècles que ceux qui veulent régler les problèmes humains avec la guerre sont des fous dont il faut se méfier sérieusement si on ne veut pas courir vers une véritable catastrophe de l’humanité entière.
La crise de l’occident se traduit donc par le manque de penseurs, manque de savants, manque de guides, manque d’intellectuels engagés. L’argent roi a tout ravagé sur son passage. Les Occidentaux sont devenus ce que la philosophe Jacqueline Russ a désigné avec le terme de « Nomades Culturels », car ils ne savent plus où ils vont, encore moins où ils vont dormir demain. C’est une navigation à vue sur tous les sujets. Les décisions lourdes sont de type épidermique comme l’entrée en guerre en Libye. Dans le siècle des Lumières ce sont les philosophes Européens qui dénonçaient leurs gouvernants de banditisme d’état. Aujourd’hui, ce sont les philosophes Français, Italiens, Britanniques qui incitent à entrer en guerre en Lybie parce qu’il y a un gain matériel à y soutirer. Ces philosophes et humanistes occidentaux sont si exigeants pour le respect des droits des humains en Libye mais ils sont complètement amnésiques sur la situation en Syrie, au Yémen, en Birmanie, en Corée du Nord, parce qu’il n’y a rien à y retirer. Aujourd’hui, c’est la gauche politique européenne prétendument progressiste qui incite à utiliser les armes pour aller plier la volonté de résistance des plus faibles du monde pour leur imposer la pensée unique du servilisme international en vigueur.
Comment auraient réagi les intellectuels européens, les « vrais savants » il y a 150 ans face à l’agression en cours contre le peuple Libyen? La réponse nous vient de la très belle lettre que Victor Hugo écrite en 1861 pour dénoncer l’autre agression faite par les mêmes, la France et la Grande Bretagne contre la Chine et plus exactement dans le pillage du célèbre Palais d’été de Pékin. Hugo écrit au capitaine de Napoléon responsable de cette expédition, le Capitaine Butler pour se dissocier de ce prétendu trophée de la victoire de la France de Napoléon sur la Chine sans défense. Il écrit : Hauteville House, 25 novembre 1861 (…) Imaginez on ne sait quelle construction inexprimable, quelque chose comme un édifice lunaire, et vous aurez le Palais d’été. Bâtissez un songe avec du marbre, du jade, du bronze, de la porcelaine, charpentez-le en bois de cèdre, couvrez-le de pierreries, drapez-le de soie, faites-le ici sanctuaire, là harem, là citadelle, mettez-y des dieux, mettez-y des monstres, vernissez-le, émaillez-le, dorez-le, fardez-le, faites construire par des architectes qui soient des poètes les mille et un rêves des mille et une nuits, ajoutez des jardins, des bassins, des jaillissements d’eau et d’écume, des cygnes, des ibis, des paons, supposez en un mot une sorte d’éblouissante caverne de la fantaisie humaine ayant une figure de temple et de palais, c’était là ce monument. Il avait fallu, pour le créer, le lent travail de deux générations. Cet édifice, qui avait l’énormité d’une ville, avait été bâti par les siècles, pour qui ? Pour les peuples.
Car ce que fait le temps appartient à l’homme. Les artistes, les poètes, les philosophes, connaissaient le Palais d’été ; Voltaire en parle. On disait : le Parthénon en Grèce, les Pyramides en Egypte, le Colisée à Rome, Notre-Dame à Paris, le Palais d’été en Orient. Si on ne le voyait pas, on le rêvait. C’était une sorte d’effrayant chef-d’œuvre inconnu entrevu au loin dans on ne sait quel crépuscule, comme une silhouette de la civilisation d’Asie sur l’horizon de la civilisation d’Europe. Cette merveille a disparu. Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu’il paraît. Une dévastation en grand du Palais d’été s’est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs. On voit mêlé à tout cela le nom d’Elgin, qui a la propriété fatale de rappeler le Parthénon. Ce qu’on avait fait au Parthénon, on l’a fait au Palais d’été, plus complètement et mieux, de manière à ne rien laisser. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n’égaleraient pas ce splendide et formidable musée de l’orient. Il n’y avait pas seulement là des chefs-d’œuvre d’art, il y avait un entassement d’orfèvreries. Grand exploit, bonne aubaine. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits. Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie.
Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m’en donner l’occasion ; les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais. L’empire français a empoché la moitié de cette victoire et il étale aujourd’hui avec une sorte de naïveté de propriétaire, le splendide bric-à-brac du Palais d’été. J’espère qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée. En attendant, il y a un vol et deux voleurs, je le constate. Telle est, monsieur, la quantité d’approbation que je donne à l’expédition de Chine. Victor Hugo » L’expérience dramatique de l’échec de l’Occident dans la guerre du
Biafra doit lui enseigner de savoir perdre une guerre pour ne pas faire des victimes inutiles. Tuer les fils et petits-fils de Kadhafi jusqu’à exterminer toute la famille ne fera pas perdre la face à des politiciens occidentaux incompétents et sans vision pour l’avenir qui ont démarré une sale guerre qui ne devait pas l’être. Et la complicité et le silence des intellectuels Européens devant les atrocités de leurs dirigeants politiques en Côte d’Ivoire hier et en Libye aujourd’hui doit alerter sur ce qu’est devenue l’Europe aux yeux du monde.
Jean-Paul Pougala (pougala@gmail.com)
Genève le 6 Août 2011
Jean-Paul Pougala est un écrivain Camerounais, Il enseigne géopolitique à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse. Cet article est le 4ème sur la Libye. Les 3 précédents sont sur le site
www.pougala.org - pougala@gmail.com
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